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Dans les coulisses

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La façade de l’abbatiale de Saint Gilles Quand on demandait à Emile MALE de citer la plus belle façade romane du Midi, il répondait sans hésiter, « celle de Saint-Gilles ». Cette façade constitue, en effet, le plus vaste ensemble sculpté de l’époque romane. Son programme iconographique est d’une richesse et d’une intensité dramatique exceptionnelle : C’EST UNE ICONOGRAPHIE DE CHOC, comme le souligne le Pr SAINT-JEAN, car elle montre une volonté d’affirmer certains dogmes Choc spirituel certes, mais choc presque physique aussi. Encore de nos jours, lorsque les touristes, après avoir traversé les tristes faubourgs de la ville, débouchent enfin devant le portail de l’abbatiale, ils sont saisis par le flamboiement et le foisonnement du récit historié. Alors, imaginez le choc de l’homme médiéval devant un tel déploiement de représentations figurées. N’oublions pas que l’homme de cette époque avait été longtemps sevré d’images. En effet, auparavant, où aurait-il pu les trouver ? Dans les livres ? Ils lui étaient inaccessibles. Dans les cryptes ? Là, les statues étaient à peine perceptibles dans la pénombre des cierges. Aussi le plus beau cadeau que fit le monachisme clunisien au peuple des croyants, fut d’oser placer les figures divines à la porte des sanctuaires. Il les offrit publiquement, ostensiblement, en plein vent, au regard stupéfait du pèlerin, mettant quasiment l’homme face à face avec Dieu par ce récit sculpté. Dans la floraison de l’art roman, sa plus belle éclosion fut donc, au XII° siècle, celle de Saint-Gilles, A Saint-Gilles, plus particulièrement, « la grande aventure fut d’exposer la sculpture figurative sur la façade, En effet, la fascination qu’exerçaient les oeuvres antiques sur les sculpteurs, éclate à Saint-Gilles avec une maîtrise et une ampleur jamais égalée ». Ce livre de pierre, à l’ordonnance exceptionnelle par son développement très élaboré, est l’aboutissement magnifié de deux siècles de recherches artistiques et spirituelles qui annoncent « l’art de France ». Ce livre exprime son intuition de la primauté de l’Incarnation qui se fait jour à cette époque. En effet, désormais Dieu n’est plus différend du Fils, c’est-à-dire de l’homme. Et c’est donc au porche des abbatiales que les emblèmes de la double nature de Dieu, divine et humaine, seront montrés. Et ceci est particulièrement vrai à Saint-Gilles, car sur cette façade, on ne trouve plus l’évocation du Dieu terrible et vengeur des premiers temps du christianisme.  C’est la raison pour laquelle, dans ce récit historié, les Evangiles sont le noeud du récit, tout vient aboutir au Christ, car tout part de Lui. L’Eglise a choisi, dans les Evangiles, quelques faits de sens profond, significatifs entre tous, pour les proposer à la méditation des fidèles. Et ces représentations de la vie du Christ, sur le portail de Saint-Gilles, se groupent principalement au tour de Sa Passion et de Sa Résurrection, baignant dans une sérénité hiératique. Le caractère sélectif de cette iconographie répond non seulement à un souci de lisibilité et d’unité, mais aussi, en mettant volontairement l’accent sur les mystères de l’Incarnation, elle révèle des préoccupations spirituelles bien précises et reflète, dans une certaine mesure, les controverses théologiques de l’époque. Ce récit, dans son ample discours manifeste une évidente volonté de hiérarchie : à la base, ce sont des scènes tirées de l’Ancien Testament, celles qui vont annoncer le Messie, alors qu’à la frise, au registre supérieur, c’est la dernière semaine de la vie terrestre du Christ qui est narrée. Et la théorie des apôtres et des archanges, au registre médian, vont être le lien entre ces deux Testaments, ils en sont les intermédiaires privilégiés.

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